Les championnats du monde U23 se sont achevés à Plovdiv. Le bilan chiffré s'est enrichi ce matin de deux nouvelles médailles de bronze pour le clan français, en pointe masculine et en couple poids léger masculine.

Le rideau est tombé sur les championnats du monde U23, mais on peut le dire une dernière fois : il a fait chaud à Plovdiv ! Chaud, peut-être moins, avec un vent qui s'est invité dans la compétition et a rendu quelque peu plus agréable la température toujours caniculaire, mais a compliqué les conditions d'évolution sur le bassin avec des rafales parfois importantes, créant de la vague. Mais l'aviron est un sport d'extérieur, il faut savoir s'accommoder de conditions parfois difficiles. Et cela n'a pas empêché deux bateaux français de tirer leur épingle du jeu dans des finales endiablées.

Des tricolores à nouveau bronzés

"Celle-là, elle ne pouvait pas nous échapper, tout était prévu". Armand Pfister, Florian Ludwig, Alistair Gicqueau et Nikola Kolarevic ont réalisé une belle prestation en finale A du quatre sans barreur. Troisièmes au passage des premiers 500 mètres, ils ont conservé ce rang à mi-parcours, derrière des Britanniques intouchables aujourd'hui mais tout de même talonnés par les Australiens. Mais les Français ne se sont pas laissé impressionner, et ils ont tenu bon tout au long du parcours, contrant les attaques, notamment des Roumains. "On est partis fort, explique Armand Pfister, il y avait du vent tournant, mais on ne pouvait pas se faire avoir, on a trop donné pour être là, on a fait une course de rois. Et Florian n'arrêtait pas de nous donner des indications, de nous remonter". Et hormis le vent, un autre élément est venu perturber la course, visible depuis l'arrivée. "On a même dû respirer de la fumée", ajoute Alistair Gicqueau. Et le résultat fut tout de même au bout des 2000 mètres : le bronze mondial a fini autour du cou des tricolores. "Cette médaille, c'est un peu une revanche sur 2022 à Varèse, conclut Florian Ludwig, où on était en huit et qu'on n'a rien décroché". Le responsable du projet Génération 2024-2028, Yannick Schulte, note la performance des quatre rameurs : "C'est une belle course, il fallait le faire, on savait que c'était jouable. Ils ont fini pas très loin des Australiens, et c'était un gros bateau".

La deuxième médaille française de la matinée est venue de la dernière course dans laquelle un bateau tricolore était engagé. On pourrait croire que c'est une tradition d'être médaillé en deux de couple poids léger masculin pour la France, si c'est le cas, Cornélus Palsma et Antoine Lefebvre l'ont perpétuée. Les rameurs français ont pris la deuxième position dans le premier 500, derrière les Espagnols, avant que les Allemands ne s'emparent de la tête de course. Le duel s'est ensuite tenu avec les rameurs hispaniques, qui ont pris une avance suffisante pour s'assure l'argent, laissant le bronze aux tricolores. "La course a été chaotique, commente Antoine Lefebvre, on n'est pas partis droit, le vent de travers a gêné l'alignement, mais on a couru comme des chiens, on a su réagir". Les Français ont en effet réussi à tenir un bon train. "On a fait un bon premier 1000, on les a accrochés dans le troisième 500, on a résisté notamment aux Irlandais". Une médaille qui a un goût particulier pour les deux athlètes. "La course n'est pas parfaite, pas la meilleure, mais on l'a gagnée au mental, à l'envie d'aller jusqu'au bout". Yannick Schulte ajoute : "C'est une médaille qu'on prend avec plaisir, c'était un de nos bateaux phares".

Finales A

Milla Massemin et Chloé Raymond avaient du beau monde face à elles en finale A du deux de couple féminin : les Roumaines championnes du monde en titre, des médaillées et finalistes mondiales à Varèse en 2022… Un podium quasiment déjà tracé qui a ramé en tête de la course. Les Françaises n'ont pu que reprendre l'avantage sur les Grecques peu avant la mi-parcours et ont terminé à la cinquième place de la course.

Alric Rodrigue et Samuel Arqué n'ont pas eu plus de chance en finale A du deux de couple masculin. Troisièmes à mi-parcours derrière les Irlandais, qui ont survolé la course, et les Polonais, les Français ont perdu du terrain sur le troisième 500, tout en resserrant les écarts sur l'enlevage et ont terminé à la cinquième place, à moins d'une seconde du podium.

Eugénie Bertrand et Clara Schulte se sont battues avec leurs armes, et la finale A du deux de couple poids léger féminin s'annonçait relevée, avec un plateau impressionnant comme les Grecques médaillées à Lucerne, les Italiennes championnes du monde en titre… Une marche très haute à franchir pour les Françaises, mais le podium s'est dessiné dès le début de la course. Les tricolores finissent tout de même à la cinquième place.

Les demi-finales hier avaient donné le ton de ce que serait la finale A du quatre de couple masculin : une course de très haut niveau. Troisièmes jusqu'au passage des 1000 premiers mètres, Victor Marcelot, Yoann Lamiral, Jules Cresson et Martin Bauer ont ensuite subi les attaques des Allemands, qui se sont emparés de la première place, mais aussi des Italiens puis des Britanniques. Mais c'est surtout une faute technique sur la fin du parcours qui a fortement handicapé le résultat des Français, lesquels terminent ainsi à la sixième place de ces championnats du monde. "Ils ont fait un bon championnat, note Yannick Schulte, il ne faut pas regarder seulement le résultat de cette course. S'il n'y avait pas eu la faute, on ne sait pas comment cela aurait fini. Ils étaient dans la bataille".

Finale B

Mya Bosquet, Gaïa Chiavini, Jeanne Sellier et Fleur Vaucoret n'ont pas démérité dans la finale B du quatre sans barreur féminin. Face à elle, le bateau italien composé pour moitié de rameuses médaillées ou finalistes lors des derniers mondiaux U23. Les tricolores ont su remonter de la quatrième à la deuxième place dans les derniers 500 mètres de la course, à la lutte avec les Chinoises qu'elles ont tenues à distance, et terminer derrière les ultra-alpines.

Yannick Schulte est revenu sur les résultats de ces championnats : "Le bassin était difficile aujourd'hui, avec du vent en rafales, mais ça fait partie du jeu. Le résultat d'ensemble est intéressant. Il n'y a pas de bateau en difficulté, on a décroché trois médailles… Ca aurait pu être plus, mais ça aurait pu être moins. Le seul regret est de ne pas avoir été en capacité de jouer des titres. Les médailles sont dans des disciplines olympiques. Il y a des points positifs, car ces médailles ont été difficiles à gagner, il y a des courses où l'on aurait pu faire quatrième."

Pour mémoire, l'an passé à Varèse, la France avait aussi remporté trois médailles de bronze, dont deux dans des disciplines non-olympiques.

Photo : Anthony Benoît